Je crois profondément à la valeur inestimable du réel, celui qu’on peut toucher, sentir, écouter, regarder, sans filtre, sans déformation, sans tricherie.
Le réel des visages, des mots, des gestes, des faits. Le réel que la nature nous offre à l’état spontané. Car il est infiniment précieux, vital, mais il est aussi devenu plus fragile que jamais… Aujourd’hui, il a besoin qu’on le protège et qu’on le chérisse.
Parce qu’à force d’intelligence artificielle -le mot nous le rappelle-, d’écrans, de filtres, de flux, d’algorithmes, de chatbots, de robots…, nous basculons progressivement dans la projection pure, dans la virtualité qui prend toujours plus de place et nous assèche de l’intérieur.
Quand je regarde maintenant une vidéo, je me demande si l’image que je vois est bien réelle ou si elle a été inventée de toute pièce par des personnes qui ne savent même pas -ou se fichent pas mal- des conséquences de ce qu’elles créent. Quand un être humain ou un animal ne sont plus ce qu’ils sont et n’en ont plus que l’apparence, quand la relation se transforme en simple interaction remplaçable, alors il se développe un sentiment d’usurpation particulièrement déplaisant, frustrant et disons-le, inquiétant.
Je n’ai absolument rien contre la technologie, tant qu’elle reste un outil qu’on sait maîtriser et canaliser. C’est la place qu’un outil, aussi sophistiqué soit-il, devrait toujours garder. Mais je crains, comme beaucoup de mes contemporains me semble-t-il, le moment où elle remplacera l’humain au lieu de le servir. Et ce jour-là, ce sera définitif. On a beau vouloir le nier ou détourner l’attention, la menace se fait chaque jour plus forte et tangible.
Rien ne peut ni ne doit remplacer l’expérience de la vie réelle. En tant qu’humains, nous sommes des êtres de chair, de souffle, d’émotion et d’esprit. Nous avons des défauts, des limites, et aujourd’hui nous devons les préserver, ne serait-ce que pour rester vrais.
Plus que jamais, j’aime le réel et je me battrai pour continuer à le faire vivre.
Et vous ?