Je pourrais surligner à peu près toutes les lignes de la biographie de Magellan écrite par Stefan Zweig, tant le talent s’y exprime à chacune d’elles sur le fond comme sur la forme !
Dès les premières pages, ce n’est pas encore le célèbre navigateur lui-même qui interpelle notre imagination et suscite l’admiration, mais le prince Henrique, celui qui rêva avant les autres et permit ce qui suivit.
Zweig écrit :
« Ce qui fait surtout la grandeur morale d’Henrique, c’est d’avoir reconnu en même temps l’importance du but, l’énormité de l’entreprise et d’avoir su modestement se résigner à ne jamais voir de ses yeux ses rêves concrétisés… »
Cette phrase dit tout du pouvoir créateur de la vision : voir loin, si loin, que la vie d’un homme ne suffit pas pour atteindre le but. La véritable ambition n’est pas d’achever, mais de commencer ce qui mérite d’être poursuivi.
Henrique n’a pas vu la route vers les Indes, mais sans lui, personne ne l’aurait cherchée.
C’est cela, la marque des bâtisseurs : créer un futur qu’on ne verra pas, mais dont on sait qu’il adviendra.