C’est en 1986, à l’âge de 19 ans, que j’ai découvert ce magnifique pays qu’est la Norvège. J’y passais alors un mois d’été pour travailler au sein d’une ferme située sur un bras de fjord. Une expérience insolite, franchement rude mais particulièrement formatrice !
À l’époque, j’avais surtout été fasciné par la beauté stupéfiante de ses paysages -cette photo est la seule que j’ai retrouvée…-.
Mais je ne savais pas encore que ce pays abritait une autre forme de beauté : celle de la CLAIRVOYANCE COLLECTIVE.
Dans les années 60, la Norvège découvre du pétrole en mer du Nord, et plutôt que de tout dépenser -comme d’autres pays l’ont fait et on voit le résultat-, elle choisit de bâtir.
En 1990, elle crée le Fonds Souverain Norvégien -Government Pension Fund Global-, alimenté dès 1996 par les revenus pétroliers.
Objectif : transformer une richesse éphémère en patrimoine durable.
Résultat : en 2024, tenez-vous bien, ce fonds dépasse 19 800 milliards de couronnes norvégiennes, soit environ 1 686 milliards d’euros ! Soit près de quatre fois le PIB du pays, investi dans plus de 8 000 entreprises à travers le monde -environ 1,5 % des actions mondiales-.
Les retraits annuels sont limités à 3 % du capital : une règle d’or qui protège les générations futures.
Et cette stratégie repose sur une conviction simple : la prospérité n’a de sens que si elle s’inscrit dans le temps long.
La Norvège a su sacrifier un peu de confort immédiat pour garantir la stabilité à venir, et nous montre qu’il est possible d’allier richesse et responsabilité.
Et nous ? Eh bien…
Des richesses, nous en avons encore : naturelles, économiques, culturelles, humaines, créatives… Mais elles s’amenuisent à vue d’oeil et à un rythme jamais connu avant à mesure que nous oublions d’en prendre soin.
Et un pays qui voit ses ressources disparaître, qu’elles soient matérielles ou intellectuelles, dépend des autres : il ne fait pas que s’effondrer, il aliène sa liberté et toutes ses chances de se relever.
Alors une question m’interpelle : pourquoi est-il si difficile de s’inspirer de ce que d’autres font mieux que nous ?