Affaire Cahuzac : un révélateur de plus !

Et une nouvelle affaire qui fait l’effet d’une bombe médiatique… pour de bonnes raisons !

Voilà un homme, Jérôme Cahuzac, ministre de la République chargé du Budget (un poste de surcroît éminemment sensible et stratégique), qui a pu tromper tout son monde, en commençant par le Président de la République et le Premier Ministre les yeux dans les yeux, sans sourciller ! Une véritable spirale du mensonge de laquelle l’intéressé n’a pas eu la force morale de s’extraire tout au long de ces derniers mois, avant ses aveux d’hier devant la justice.

C’est d’abord à lui-même qu’il a menti, voulant croire à l’illusion de s’en sortir au bout du compte tout en rejetant le discrédit sur ses accusateurs à l’extérieur comme à l’intérieur de l’hémicycle de l’Assemblée Nationale. Ses illusions ont fini par le rattraper et le retour de bâton est violent, après qu’il a été applaudi par ses pairs il y a encore peu…

On peut légitimement se demander comment cet homme pouvait se regarder en face avec un tel mensonge renforcé par sa dimension publique ? Se le justifiait-il à lui-même ou tentait-il de faire abstraction de sa conscience ? Ses aveux peuvent laisser penser qu’il a été rattrapé par sa conscience, à moins qu’il se soit tout simplement senti coincé par l’étau de la justice, incapable de prolonger la mascarade ? Première leçon, ne jamais s’enferrer dans le mensonge si l’on y a cédé, il n’y avait là aucune issue positive possible. Plus il mentait, faisant fi de toute moralité, plus il se mettait lui-même en danger et menaçait toute rédemption future.

C’est ensuite à toute la communauté des citoyens qu’il a menti et aujourd’hui, nous assistons à une surenchère de colère et d’indignation, car non seulement il l’a fait avec une froideur et un applomb qui laissent perplexe, mais on s’interroge à présent sur l’origine de l’argent (600.000 euros !) dont il disposerait sur son compte en Suisse transféré à Singapour (manoeuvres frauduleuses avec des laboratoires du temps où il était chirurgien ?).

Ce faisant, il a sali encore davantage la classe politique en commençant par celle de son propre parti et a ouvert encore un peu plus la fracture entre le monde politique et les citoyens qu’il est censé représenter. La faute est particulièrement lourde et les retombées seront majeures.

Cet homme vient de passer aux aveux, la justice devrait se charger de lui faire payer le prix de son affront et du mal qu’il a causé. Reste à espérer que face à lui-même, il aura à coeur de reconstruire peu à peu sa moralité, sa dignité par des actions positives pour un jour se relever et se racheter après cette énorme chute. Il gagnerait à s’y consacrer désormais de tout son être, tout simplement pour retrouver l’honneur en lui-même. Par souci de compassion humaine (comme nous l’enseigne le bouddhisme tibétain notamment), c’est ce qu’on peut lui souhaiter, en sachant que ce ne peut être qu’un lent processus. Apprendre ou réapprendre à faire preuve de dignité et de grandeur lorsque l’opportunité lui en sera à nouveau donnée (pour l’instant, sa marge de manoeuvre est évidemment très faible…).

Au-delà de son cas personnel et de l’effet médiatique, il convient de se pencher sur les réactions virulentes générées par ces révélations. Après l’onde de choc, le monde politique s’offusque, juge, condamne, se défoule, masquant par la même occasion tous les petits ou grands outrages non encore révélés et qui pourtant surviennent chaque jour dans cette sphère dont la moralité est devenue plus que douteuse, dramatiquement.

Alors le temps est sans doute venu que chacun des responsables politiques de tous bords se regarde bien en face et s’interroge sur sa propre probité avant de se déverser sur la cible du moment dont la justice va de toute façon se charger.

On peut parallèlement se demander comment il est possible qu’un Président de la République et son Premier Ministre n’aient pas « vu le coup venir », eux qui sont sans doute les mieux renseignés de France ?? Une fois de plus, le poste de Cahuzac était stratégique, surtout dans le contexte actuel. Se targuer de représenter le pouvoir moral est une chose (« Moi, Président de la République… »), incarner cette attitude en est une autre et il faut une fois pour toutes arrêter de jouer de la crédulité du peuple. Être aux commandes suppose un devoir d’exemplarité pour soi-même et pour ses équipes, une attitude irréprochable, une intégrité et une sincérité totales. Des valeurs qui doivent s’inscrire dans un code moral exigeant (code d’honneur) et un devoir de transparence imposable à tous. C’est ce qui fait aujourd’hui terriblement défaut chez de trop nombreux responsables politiques qui manquent de magnanimité et c’est pourtant ce dont nous avons un immense et imminent besoin.

C’est tout un système qui est en cause, la compromission est souvent devenue la norme et le politique faillit à son devoir premier qui est d’être AU SERVICE de son pays, de sa population. Il est payé par le contribuable pour cela et il doit mériter cette confiance, en prouvant constamment qu’elle est bien placée. Nous manquons cruellement de vrais leaders actuellement, alors que les enjeux sont immenses ! Un leader oeuvre au service de l’intérêt supérieur et s’y engage de toutes les manières possibles, s’assurant qu’il en est de même de la part de ses relais. C’est un état d’esprit général, qui suppose le sens du sacrifice et du don de soi, le respect de la confiance que les autres nous accordent (dans le cas présent, les électeurs).

Les responsables politiques ne devraient plus être autorisés à profiter du système somme toute confortable que la France leur offre généreusement depuis trop longtemps mais dont elle n’a plus les moyens ; et c’est peut-être là notre chance.

Dans un monde sous tension, nous avons besoin d’un nouveau souffle, de véritables guides qui soient aussi humbles que dotés de grandeur d’âme, pour édifier le pays au plan moral d’abord afin de transformer positivement les esprits, puis économique et social, avec toute l’efficacité que cela suppose dans la réflexion et l’action au quotidien.

Mon espoir profond est que l’affaire « Cahuzac », un révélateur de plus, peut-être le déclencheur ultime, contribue à faire émerger cette nouvelle race de leaders politiques en France, dévoués à l’intérêt supérieur et pas au leur. Je pense que cela ne deviendra possible que je jour où la politique ne sera plus un métier mais une mission ; parmi les différentes pistes et indépendamment de cette affaire, l’une d’elle est peut-être de créer davantage de passerelles entre la vie politique et la vie économique pour que les responsables politiques non seulement connaissent réellement, de l’intérieur, ce qu’est la réalité économique du pays (être entrepreneur) mais également ne dépendent plus seulement de l’argent public pour vivre. Bref, le politique devrait posséder le véritable esprit d’entrepreneuriat, la vraie prise de risques au quotidien, l’humilité, l’engagement et l’efficience (ne plus penser en termes de budget à dépenser mais d’objectifs à atteindre par exemple…) pour être véritablement au service de la population.

J’appelle de tous mes voeux les candidats à se manifester le plus rapidement possible…

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