Leadership, Management et Arts Martiaux

Les arts martiaux nous enseignent beaucoup plus que de simples techniques destinées à maîtriser l’art du combat. Porteurs de philosophies généralement empreintes de sagesse, ils représentent aussi de véritables voies de développement personnel en connexion avec notre environnement. Des voies qui nous apprennent à nous comporter sur les plans individuel et collectif. A nous gérer. A nous maîtriser. Mais également à nous dépasser. On peut ainsi s’inspirer utilement de certains de leurs enseignements pour l’exercice du leadership au sein des organisations. En voici quelques-uns.

L’esprit du dojo

Dojo, en japonais, signifie le « lieu où l’on étudie la voie » (Do étant « la voie », qu’on va retrouver dans aïkido, judo, kendo…). Il trouve son origine dans la pratique du bouddhisme et de la méditation zen, puis s’est étendu à celle des arts martiaux.

Possédant une forte charge symbolique, le dojo est un espace dédié où l’on s’exerce, où l’on apprend, où l’on progresse à force de pratique et de répétition, et où l’on se transforme peu à peu intérieurement, au fil des séances.

Un certain état d’esprit règne (ou doit régner) au sein d’un dojo, une atmosphère de respect, d’humilité et d’engagement garante de cette progression intérieure.

Le respect se traduit d’abord par le fait d’y venir propre (hygiène personnelle, ongles coupés pour ne pas blesser ses partenaires de travail, tenue lavée…) et à l’heure (autrement dit, pas quand le cours a déjà débuté…). Mais aussi avec l’esprit ouvert, amical et volontaire, c’est une question de savoir-être. Le respect est entretenu par différents rituels tels que le salut (Rei) pratiqué à différentes occasions pendant la séance d’entraînement. Un salut qui marque à la fois le respect du lieu, du fondateur et des codes de la discipline pratiquée, du professeur mais également des autres pratiquants. Il est inconcevable, au sein d’un dojo digne de ce nom, de ne pas respecter ces règles. Elles sont d’une importance capitale, garantissent la cohésion et assurent le bon déroulement de la pratique dans un esprit d’engagement.

Il n’y a qu’un pas entre le dojo traditionnel et l’entreprise…

En effet, l’entreprise représente également un espace idéal d’entraînement à devenir meilleur en tant que professionnel mais aussi être humain, au service de son organisation, de ses clients…. Un espace d’entraînement où le respect, l’humilité et l’engagement font toute la différence.

Commencer par saluer avec respect ses collègues, ses équipes est tout sauf un acte anodin, on le sait parfaitement… Mais l’esprit du dojo peut s’étendre à tous les actes de la vie professionnelle : la gestion d’une réunion, d’un projet, la conduite d’une négociation (interne ou externe), etc. avec à chaque étape du respect, de l’humilité, de l’engagement… Être à l’heure, à l’écoute, donner le meilleur de soi-même, considérer l’autre et contribuer à son développement… sont autant de pratiques vertueuses qui produisent indubitablement d’excellents résultats dans la durée.

L’apprentissage de la maîtrise…

Les arts martiaux nous entraînent à gérer des situations de conflit. Or un conflit nous met en tension. Sollicite notre capacité à gérer nos émotions, nos réactions. A adopter l’attitude la plus juste possible en fonction d’une situation donnée. La bonne posture, la bonne respiration, le bon geste au bon moment sont autant d’éléments que l’on va apprendre peu à peu au travers d’exercices répétés qui ont vocation à créer des automatismes. Autant de réflexes qui peuvent s’avérer salvateurs en situation réelle.

Ce que l’on apprend aussi, c’est à changer de regard sur ce qu’est un conflit. Robert Pater le décrit comme « un cadeau d’énergie enveloppé dans de la violence ». Apprenons donc à savoir utiliser ce cadeau en désamorçant la violence.

Dans l’entreprise comme dans la pratique des arts martiaux, nous devons apprendre à ne pas répondre par la peur, la colère ou encore la frustration… Lorsque ces émotions toxiques prennent le dessus, nous basculons dans l’irrationnel et entrons en zone de danger en y entraînant les autres. Il nous faut donc apprendre à rester aussi calme que possible. A respirer et à relativiser chaque situation pour y mettre de l’objectivité. Apprendre aussi, comme dans la pratique de l’aïkido, à utiliser intelligemment les forces en présence pour trouver le mouvement et la direction qui conviennent. Une fois de plus, cela est le résultat d’une pratique répétée régulièrement : du « test and learn » permanent !

… et de la concentration

Pratiquer un art martial nous place immédiatement dans la réalité de l’instant, un moment d’inattention peut en effet avoir des conséquences immédiates et funestes (imaginez ce que produit un coup de sabre en bois sur la tête !). Il s’agit donc d’être bien présent, ici et maintenant, à tout instant. Cet exercice d’attention vigilante exige une posture et une respiration adaptées qui nous rappellent à notre corps.

La concentration nécessite d’être en forme, d’avoir un bon métabolisme, donc d’adopter une hygiène de vie adaptée (alimentation, exercice, récupération…). On aura du mal à être concentré si l’on a mal dormi, trop mangé ou trop bu…

La concentration dépend aussi de notre capacité à définir des priorités claires (faire le tri) car on peut difficilement être concentré sur tout à la fois. Trop d’informations, d’activités, de projets, d’obligations nuisent à la qualité de la concentration. Il convient donc de privilégier la qualité à la quantité car on ne peut être sur tous les fronts.

Appliqué au monde de l’entreprise, cela milite pour créer les conditions du bien-être et de l’efficience des équipes. Autrement dit, tout ce qui, du point de vue matériel comme organisationnel, peut contribuer à entretenir leur niveau d’énergie (positive !), de confiance et d’enthousiasme : vision et contribution claires, valeurs fortes et incarnées, sens de l’action, organisation du travail, moyens dédiés à la santé globale, au bien-être et à la célébration, etc.

Shoshin, l’esprit du débutant

Les arts martiaux sont également une formidable école d’humilité et d’amélioration continue. Les Japonais traduisent par le mot shoshin cet esprit d’apprenti permanent qui permet de ne jamais se figer dans ses connaissances acquises, ni dans un niveau donné. Devenir ceinture noire est un nouveau commencement qui va permettre d’aller plus loin, et en aucun cas une fin en soi !

Cet état d’esprit vertueux gagnera à être diffusé au sein des organisations, tous niveaux confondus, avec pour les managers l’obligation d’être exemplaires. C’est tous ensemble qu’on se doit de progresser continuellement, quels que soient nos accomplissements passés, notre niveau d’expertise ou de connaissances. C’est aussi un indicateur de leadership véritable que de savoir entretenir cette humilité.

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